Tant que durera le désir (GilRay) | GilRay
Envie de republier un texte ancien… à partir de mon blog http://www.gillesray.be
Source : Tant que durera le désir (GilRay) | GilRay
Décibelles
C’est un entrelacs de fines
Décibelles
Dans ma tête en orchestre
De fines demoiselles de son
Qui se font belles
Et sondent mes tympans
Pour y forger un blues
Comme on récolte du coton
Dans les états du sud
Comme on chante et gratte une guitare
Comme on aime la vie même
Si elle a pas toujours le goût
Du bonheur
La vie sur des battements de batterie
La vie elle te possède
Dans un champ de notes
De notes bleues
C’est ça le blues du bleu
Électrique ou acoustique tu choisis
Mais tu dois l’aimer
Cette musique
Parce qu’elle anime ton envie
Parce qu’elle innerve ton corps
Parce que tu oublies d’où tu viens
Où tu vas où est ta désespérance
Mississipi Nouvelle Orléans ici ou là
Elle se plante façon Chicago Detroit
Elle se plante et pouffe de larmes
Oui le blues se trame
Dans les circuits qui tanguent
Dans tes veines mélodiques
« Les vingt arrondissements de Paris. Une ville au bonheur des rues et des souvenirs »
Un recueil de Léon-Paul FARGUE (1876-1947). Paru à titre posthume en 1951. Aux éditions Parigramme.
Léon-Paul Fargue
Source : Parigramme – tout paris est à lire
Girl No Name
Elle était là adossée
À une vitrine déglinguée
Dans une galerie commerçante
Jadis prospère
Jeune, jeans un rien pourris
Sur une couverture avec de belles couleurs
Elle était là
Dans une ville du sud
De ce pays
Où vivent des gens parfois cossus
Pas paumée mais délaissée
Pas dans son assiette
On dirait speedée ou tu sais
Au sortir d’un trip au sortir d’une solitude
Cherche son chien peut-être
Cherche plus les humains
M’agenouiller près d’elle
A quoi ça sert
Lui dire quoi une piécette en mains
A quoi ça sert
La galerie est froide
Des lueurs à l’entrée
Des pas égarés sur les carreaux du sol
Elle était adossée
Jeune sûrement belle un jour
Ma vie se rétracte
Sur mon passé
J’ai comme une envie
De l’enlacer dans mes bras sans domicile fixe
De ne rien dire
A quoi ça sert
Dans une ville du sud
De ce pays
Où vivent des gens largués
A proximité
Pas loin dans les rues
Blasées
Dans les rues où s’éteignent
Les rires et les pleurs
L’emmener
Et puis plus tard avec la nuit
Elle n’était plus adossée
A cette vitrine
Malvenue plus là
J’ai repris le train
Repris l’écarquillement
De ses yeux
Dans ce petit champ de vision
De mes souvenirs déjà accouchés
Photo en-tête : Robert Irwin
——— GilRay, décembre 2017
On pourrait écouter, après avoir lu ce texte, la chanson de Bernard LAVILLIERS, « Berceuse pour une shootée », extraite de l’album Les Barbares (1976).
En voici le texte:
Tu l’as dans ta veine, tu le sais
Y’a le sommeil qui va descendre
Et puis sous le soleil qui naît
Nous ne pourrons plus nous comprendre
Je ne peux plus rien te donner
Et tu ne peux plus rien me prendre
Monsieur dealer je te connais
J’ai bien envie de te descendre
Petite soeur aux poignets fragiles
Petite voix cassée, absente
Deux grands yeux fixés sur l’exil
Petite fleur légère, cassante
Dans cette chambre un peu baroque
Un peu sordide et un peu sale
Entre les Indes et le Maroc
Dans ce clair-obscur de vestale
Tu restes là me regardant
Les mains tremblantes sous la toile
J’ai vu la mort à 17 ans
Sous cette lumière verticale
Il y avait un goût amer
Dans cette pièce froide et close
Pas de jetée et pas de mer
Pas d’aurore tirant vers le rose
Le dealer finira tranquille
Loin des hôpitaux des cliniques
Protégé par les imbéciles
Par le système et par les flics
Dans un décor très décadent
Avec ton fric avec ta peine
Avec ta mort avec ton sang
Ta solitude avec tes veines
Petite soeur aux poignets fragiles
Petite voix cassée, absente
Deux grands yeux fixés sur l’exil
Ce matin là dans l’ambulance
https://www.paroles.net/bernard-lavilliers/paroles-berceuse-pour-une-shootee