Estampe et transes
il faut se battre
loin des rougeurs
de l’horizon
discipliner ce ciel
opaque et rebelle
orchestrer les nuages
se fondant dans les failles
d’où s’ensanglantent les hordes
du crépuscule
calmer l’élan des eaux
aux rythmes grossiers
légiférer l’anarchie
des orages impatients
il faut chevaucher l’impossible
traquer l’œil du cyclone
jusqu’à la cécité des cris
se repaître des zébrures
pour en accoucher des mares
hallucinantes contorsions
arrachées des fertilités d’un cénacle
de terres impures
parfois je m’imagine
puéril dans cette fugue
du désordre
rescapé de la déraison
et blotti dans les effilochures
lourdes des crayons
d’un dieu las
parfois je m’imagine
mucus hétéroclite
pitoyable déchet
de ce requiem
gavé de sa puissance
mais cette beauté ne se fige pas
nichée dans une croisade
d’invectives et de moussons
elle lacère mes yeux
d’un long cinabre d’espoir et de vie
j’ouvre alors l’ultime chapitre
d’une bible de brumes
et d’haleines rauques
mon ciel animal
mon ciel pléthorique
engorgeant enfin
mes veines
d’une soudaine vigueur
Mars 2018
GilRay