Echographie

Je me suis assis sur une souche
Là au milieu d’une clairière anonyme
On distingue à peine le flou
Des arbres dans la brume
Tout est étiqueté silence
Et la vie affleure à peine
Les feuilles essaient de parler
Mais se taisent prudentes
Frétillent en vain
(Silence) un calme
Cosmétique ou comateux
(Silence) une petite ondée fugace
Qui dégouline des troncs
J’aimerais qu’un animal s’ébroue
Réponde aux cris sourds de l’homme
Prélude et fugue
Dans ce sous-bois drapé
D’humeurs apeurées
Je tiens dans ma main
La droite sans doute
Une canne de bois
Bois lisse calque du bois rugueux
Des écorces striées
Des blessures des gerçures
De ce temps qui passe sans cesse
Et puis dans cette brume jalouse
Tu apparais sublime
Et violente
©GilRay, novembre 2018
Vestiges d’automne, par Alix Lerman Enriquez
Vestiges d’automne, par Alix Lerman Enriquez
(La Cause littéraire)
J’ai enfilé mon manteau rapiécé,
troué d’automne triste
et déjà trempé de pluie.
J’ai marché dans les flaques d’eau
avec mon ciré de fortune,
couleur jaune citron,
comme la teinte d’un soleil disparu
qui clignote dans mon souvenir perdu.
Mes empreintes de pas traçaient
des ricochets de silence sur l’eau grise
que je me plaisais à contempler
comme la roue du temps qui tourne
mêlée aux feuilles mortes pétrifiées,
dans une rivière réifiée
où des sequins de lumière
irradiaient la terre d’or et de rouille
trempée de mes larmes.
Source : Vestiges d’automne, par Alix Lerman Enriquez
Alix Lerman Enriquez est née à Paris le 5 mai 1972. Depuis très longtemps, elle s’adonne à l’écriture poétique et, à ce titre, a déjà publié plusieurs recueils de poésie comme Météores (2005) aux éditions La Bartavelle, Les territoires de la nuit pourpre (2012) chez Do Bentzinger Editeur, A-Contre-jour (2013) chez Hervé Roth Editeur, Les fruits blets de ma solitude (2014), Herbier d’errances (2016), Estuaire de l’espoir (2018), aux éditions Flammes Vives. Elle a également publié Au-delà de la nuit (Edition Les poètes français, 2016, distingué par le grand diplôme d’honneur du concours des Apollons d’or 2018, section recueil édité), ainsi que Tessons et miroirs (2017) aux éditions Vox Scriba. Membre de l’Union des Poètes & Cie, elle est lauréate du prix de poésie Jean Rivet 2017 pour son recueil Lever l’ancre Flamme d’argent, du prix Pierre de Ronsard du concours des flammes Vives 2018, et a en outre reçu la même année un diplôme d’honneur de la Société des poètes français pour son recueil La morsure du jour sur la mer. A également collaboré à plusieurs anthologies et recueils collectifs édités par la Société des poètes français, l’Association Flammes vives, et laSociété des auteurs et poètes de la francophonie (SAPF). Certains de ses poèmes ont été publiés dans les revues : Xero ; Portulan bleu ; Portique ; L’Etrave ; La Revue alsacienne de littérature ; ainsi qu’à Poésie sur Seine. Par ailleurs, elle écrit des poèmes dans les revues poétiques en ligne : La Cause littéraire ; Le Capital des mots ; La toile de l’un ; Infusion ; Recours au Poème ; et Lichen ;ainsi que sur le site Poética. En outre, elle écrit des proses poétiques sur le site de Hervé Roth éditeur, et nourrit son propre blog Perles de poésie à l’aide de petits billets d’humeur teintés d’humour et de rêverie. Egalement auteur d’un autre site poétique, Aphorismes et petits riens, regroupant ses micro-poèmes écrits et postés sur les réseaux sociaux.
©Photo Perso GilRay
On la fit Eve
Les yeux de la femme.: François Coppée (1842-1908)
Recueil : Les récits et les élégies (1878).
L’Éden resplendissait dans sa beauté première.
Ève, les yeux fermés encore à la lumière,
Venait d’être créée, et reposait, parmi
L’herbe en fleur, avec l’homme auprès d’elle endormi ;
Et, pour le mal futur qu’en enfer le Rebelle
Méditait, elle était merveilleusement belle.
Son visage très pur, dans ses cheveux noyé,
S’appuyait mollement sur son bras replié
Et montrant le duvet de son aisselle blanche ;
Et, du coude mignon à la robuste hanche,
Une ligne adorable, aux souples mouvements,
Descendait et glissait jusqu’à ses pieds charmants.
Le Créateur était fier de sa créature :
Sa puissance avait pris tout ce que la nature
Dans l’exquis et le beau lui donne et lui soumet,
Afin d’en embellir la femme qui dormait.
Il avait pris, pour mieux parfumer son haleine,
La brise qui passait sur les lys de la plaine ;
Pour faire palpiter ses seins jeunes et fiers,
Il avait pris le rythme harmonieux des mers ;
Elle parlait en songe, et pour ce doux murmure
Il avait pris les chants d’oiseaux sous la ramure ;
Et pour ses longs cheveux d’or fluide et vermeil
Il avait pris l’éclat des rayons du soleil ;
Et pour sa chair superbe il avait pris les roses.
Mais Ève s’éveillait ; de ses paupières closes
Le dernier rêve allait s’enfuir, noir papillon,
Et sous ses cils baissés frémissait un rayon.
Alors, visible au fond du buisson tout en flamme,
Dieu voulut résumer les charmes de la femme
En un seul, mais qui fût le plus essentiel,
Et mit dans son regard tout l’infini du ciel.
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Didier Glehello
Résidence Captal C401
6, rue François Legallais
33260 La Teste (Gironde, France
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On la fit Ève
Femme
Énigme
De son corps de son âme
Ne put s’éteindre le mystère
Ne put se calmer le désir
On la fit Ève
Femme
Couvrant le monde
D’un charme inaltérable
Tremblante
Lèvres offertes
Et pudique incandescence
Je ne sus
Que faire
La chercher
L’aimer
L’ignorer
Ma vie se figea
Sur la douceur de sa peau
Et je surpris
Son visage immobile
Révélation de mon ignorance
Non je ne sais pas
Eve
Qui tu es
Et le lien
Qui nous unit ou nous sépare
Icône de l’absolu
Mère amante
Éclat dans la roche purpurine
Écueil au large des côtes
Aphrodite
Mes amours restent sans suite
GilRay novembre 2018
Photos extraites du Web, sans droits d’auteur.
https://drive.google.com/open?id=1IXNhyCmlMJ0p-7zlrv1uQS6zuT901whYGwA47H5u1S0