Suite probable d’un récit inachevé
https://wallhere.com/fr/wallpaper/832969
La ruelle est sombre. La pluie s’accroche aux pavés, sirupeuse. Le temps délaisse cette part de la ville. Je cherche le halo de lumière d’un réverbère chimérique, je sais qu’on me guette dans l’ombre, mais je ne résiste pas à la griffe qui s’insinue dans ma tête. J’ai toujours connu les façades de briques éteintes, les portes de bois bleuies, les fenêtres dépolies, tissées de toiles comme les dentelles d’une vieille arachnéenne. Toujours connu les flaques croupies, d’une eau qui s’obstine à demeurer. Toujours cherché à en boîter les filles nocturnes, au revers de quelques tavernes aux néons perclus. La ruelle est mon antre, l’infini de ma nuit synchro. Elle me cause dans l’oreille, me susurre le crépitement de tes baisers. C’est une ruelle d’un bruxelles hypothétique, d’un bruxelles crapuleux et triste, d’un bruxelles qu’ouvragent les doigts d’un artiste sombre. Et la bière sûre finalise le dessin de mes lèvres, je la crache entre mes dents vers toi qui flirtes avec brel et ses sueurs de scène. Je marche sur le grès laminé de ces pavés mal ajustés, sur la peau citadine et grave, sur la mousse cannibale et le sang coagulé d’un meurtre qu’ils n’ont pas élucidé.
La ruelle est sombre. La pluie fait le décor, je l’aime inépuisable dans mes cheveux rares, je la bois jusqu’à la lie de tes lacis de chair aimante.
Février 2019
GilRay
