traverser une ville
Traverser une ville comme un couteau à lame fine
Qui libérerait la chair de ses pierres
Et les coutures de ses artères
Traverser une ville
Comme un architecte dépaysé
Recréant sans cesse
Les volumes ses obsessions
Charpentes engourdies
Rivets tétons
Fuselages de vitres teintes
Sombres luminescences
Digues d’acier rigide
Vapeurs filtrant des sols tuméfiés
Sans frontières ni garde-fous
Foules insignifiantes
Que dérèglent des clepsydres
Futuristes
Traverser une ville comme un paquebot fou
Et se languir d’un ciel captif
Des ouvriers malhabiles
Ont plaqué des nuages exsangues
Sur des tours tremblantes
Des fonctionnaires androïdes
Ont sucé le sang
Des natifs jusqu’à la moelle
Semé le vide
Et racorni nos regards
Ne cours plus dans ces rues
Elles ont nourri
Tes amours indécises
Et puis crayonné tes haines
Ne cours plus dans ces rues
Elles vivent dans les plis et les replis
De ta tête
Tu traverseras ta ville comme un couteau à lame fine