Archive | janvier 2020

Bistrot populaire

Tout d’abord il y a cette petite salle un soir

Mon bistrot populaire

Enfumée sentant la bière

Assis sur des chaises en bois autour des tables

En bois luisant

Des gens qui essaient d’oublier la semaine et la fatigue

et aussi d’autres accoudés au zinc

Parlant parfois fort

Pour faire mieux

Que le jukebox

Diffusant ses petits vinyles 45 tours

Des slows ou du Johnny

Avec même un ou deux couples

Langoureux s’aimant

On le devine ils dansent un peu gauches

Même en oubliant l’autre qui regarde

Et puis il y a la patronne

Derrière son comptoir

À la peine à la pompe

Sourire incandescent

Et petite robe affriolante

Ils boivent ils dansent

Pas que des vieux des jeunes aussi

Cherchant l’âme sœur après la journée dure

Usine garage mine chômedu

Envie que la tête s’envole un peu

Se grise te fait penser

A ce que tu ne seras jamais

Ensuite il y a les lumières un peu jaunes

Une ampoule qui a lâché

Mais c’est pas important

La lumière elle est dedans

Allez le temps passe les couples se multiplient

On est dans une rue un peu falote

Le bistrot éclabousse le trottoir

La patronne augmente le son

Et fait des p’tites mimiques coquines

Ressert

Je suis là dans le fond

Face à ma bière toujours courageuse en mousse

Cette petite salle un soir

C’est comme le paradis tous les jours

J’en crève aujourd’hui

Parce que les baisers volés sur des bouches

Ont laissé des traces amères

Et la musique dans nos oreilles

Des envies de retour au pays

Celui qu’on aime et qu’on oublie

Petite salle du bistrot du coin

Un soir

Vous voulez un peu de cinoche

Ce sera du Gabin du Belmondo du Suzanne Flon

Et vogue la galère

A la fin il y a la petite salle un soir

Non une aube gueule de bois

Si vous me permettez

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Bernard, du Golden Sallon, Charleroi, décédé.

Tu ne connais pas la femme

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Tu ne connais pas cette femme

Venue de l’ombre

Avec ses gestes mesurés

Ses yeux te fixant

Tu ne connais pas cette femme

Dont l’amour affleure

Tout le long de sa peau

Fine et brûlante

Tu ne connais pas la femme cette femme

Toute ta vie au large

Des terres de là-bas

Tu ne connais pas cette femme

Onde douce et marine

Ta solitude incarnée dans des pas

Oubliés des traces

Sur le sable jaunissant

Tu ne connaîtras jamais cette femme

Pourtant fidèle et libre

Comme un fluide du ciel

Comme une évidence qui s’efface

Une éternité dans les recoins

De l’inconnaissable

Tu resteras cet homme

Orphelin

Que des vies multiples

Laisseront à jamais

Un peu naufragé

Largué dans l’envie

Ridicule écueil

Dans les marées de son corps

Tu ne connaîtras jamais la femme

Écris-moi… dans les reflux de la nuit.

    GILRAY

Janvier 2020