Archive | février 20, 2020

Le masque de la mort rouge

Illustration de la nouvelle

La pandémie actuelle du Coronavirus, rebaptisé Covid-19, me fait penser que la littérature a toujours illustré ce type d’événement, et diffusé des scénarios de peste atteignant l’humanité entière, petit à petit. Ainsi, cette nouvelle d’un des pères fondateurs de la littérature fantastique (et policière) moderne, « Le masque de la mort rouge », d’Edgar Allan POE, fin du XIXe siècle, publiée dans le reccueil »Les nouvelles hiustoires extraordinaires ».

Le Masque de la Mort Rouge

Edgar Allan Poe, « Nouvelles histoires extraordinaires », traduction de Charles Baudelaire, 1884.

ʃ  Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death) est une nouvelle d’Edgar Allan Poe publiée pour la première fois en  1842 dans le Graham’s Lady’s and Gentleman’s Magazine sous le titre The Mask of the Red Death, avec le sous-titre A Fantasy. Une version révisée est parue le  juillet 1845 dans le Broadway Journal sous son titre définitif. Traduite en français par Charles Baudelaire, elle fait partie du recueil Nouvelles histoires extraordinaires. La nouvelle se situe dans la tradition du roman gothique et a souvent été analysée comme une allégorie sur l’inéluctabilité de la mort, bien que d’autres interprétations aient été faites.

Premières lignes…

« La Mort Rouge avait pendant longtemps dépeuplé la contrée. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c’était le sang, – la rougeur et la hideur du sang. C’étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l’être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l’humanité, Zone de Texte: 2et lui fermaient tout secours et toute sympathie. L’invasion, le progrès, le résultat de la maladie, tout cela était l’affaire d’une demi-heure. Mais le prince Prospero était heureux, et intrépide, et sagace. Quand ses domaines furent à moitié dépeuplés, il convoqua un millier d’amis vigoureux et allègres de cœur, choisis parmi les chevaliers et les dames de sa cour, et se fit avec eux une retraite profonde dans une de ses abbayes fortifiées. C’était un vaste et magnifique bâtiment, une création du prince, d’un goût excentrique et cependant grandiose. Un mur épais et haut lui faisait une ceinture. Ce mur avait des portes de fer. Les courtisans, une fois entrés, se servirent de fourneaux et de solides marteaux pour souder les verrous. Ils résolurent de se barricader contre les impulsions soudaines du désespoir extérieur et de fermer toute issue aux frénésies du dedans. L’abbaye fut largement approvisionnée. Grâce à ces précautions,  les courtisans pouvaient jeter le défi à la contagion. Le monde extérieur s’arrangerait comme il pourrait. En attendant, c’était folie de s’affliger ou de penser. Le prince avait pourvu à tous les moyens de plaisir. Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin. En dedans, il y avait toutes ces belles choses et la sécurité. Au-dehors, la Mort Rouge. Ce fut vers la fin du cinquième ou sixième mois de sa retraite, et pendant que le fléau sévissait au-dehors avec le plus de rage, que le prince Prospero gratifia ses mille amis d’un bal masqué de la plus insolite magnificence. Tableau voluptueux que cette mascarade ! »

Edgar Allan Poe