Fable de notre temps
Les ailes noires ne survoleront plus nos têtes
Ne sèmeront plus la ciguë
Qui vitriolait nos vies nos rires
Ces ailes caciques énucléant
L’ordre de nos gestes
Cassant l’image de l’autre
Les ailes se replieront
Frileuses et diablesses déchues
De nos lèvres délivrées
Nous boirons les vins et les nectars
Nos accolades seront des embrassades
Nos baisers des tourterelles dans l’azur des rues
Et nos paroles pleines de sens enfin
Résonneront au fil des tympans
Et ce seront des syllabes langoureuses
Nous nous sentirons nus
Comme aux premiers temps
Ceux que frôlaient nos émois d’enfants
Tu chanteras des gigues acoustiques
Des odes des mélopées
Viendront de là-bas les amazones
Déléguées des dieux antiques
Orgie chaste du bonheur
Aux plis de nos âmes
Je me réconcilierai mon frère
Et dans nos yeux naîtront
Ce calme qui tremble et frémit
Cette houle du désir apaisé
Vivipares de l’absolu
Lymphes immortelles
Corps multicolores
Nous aurons lapidé les venins
Immolé les inhumains
Rendu grâce à nos Artémis
Et à ce chêne grand qui m’enlace
Maître de mes herbes folles
Les ailes noires ne survoleront plus nos têtes
©Une photo prise par une amie roumaine, Liliana, en 2018
