Archive | mai 2020

Fable de notre temps

Les ailes noires ne survoleront plus nos têtes

Ne sèmeront plus la ciguë

Qui vitriolait nos vies nos rires

Ces ailes caciques énucléant

L’ordre de nos gestes

Cassant l’image de l’autre

Les ailes se replieront

Frileuses et diablesses déchues

De nos lèvres délivrées

Nous boirons les vins et les nectars

Nos accolades seront des embrassades

Nos baisers des tourterelles dans l’azur des rues

Et nos paroles pleines de sens enfin

Résonneront au fil des tympans

Et ce seront des syllabes langoureuses

Nous nous sentirons nus

Comme aux premiers temps

Ceux que frôlaient nos émois d’enfants

Tu chanteras des gigues acoustiques

Des odes des mélopées

Viendront de là-bas les amazones

Déléguées des dieux antiques

Orgie chaste du bonheur

Aux plis de nos âmes

Je me réconcilierai mon frère

Et dans nos yeux naîtront

Ce calme qui tremble et frémit

Cette houle du désir apaisé

Vivipares de l’absolu

Lymphes immortelles

Corps multicolores

Nous aurons lapidé les venins

Immolé les inhumains

Rendu grâce à nos Artémis

Et à ce chêne grand qui m’enlace

Maître de mes herbes folles

Les ailes noires ne survoleront plus nos têtes

©Une photo prise par une amie roumaine, Liliana, en 2018

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