Manuscrit de comptoir
Une vie antérieure |
J’étais attablé à un bar du côté de la Place Blanche. Plutôt sombre. Quelques consommateurs le long du zinc, peu loquaces. Le barman s’approcha de moi, me tendit une feuille un peu défraichie. « Je crois que ça va vous intéresser. Un type, hier soir, a laissé ce texte avant de partir. Il l’avait écrit sous mes yeux après m’avoir demandé du papier. Vous avez une tête à vous intéresser à la littérature ! » Je le regardai dans les yeux, m’emparai de la feuille. « Ah oui, ajouta le barman. La fille dont il parle…Jamais vu cette gonzesse. Le gars était seul. » Seul, comme moi ce soir-là.

Ca commence infernal
Tes déhanchements n’ont pas la cote
Pas avec moi
Ça commence sur le fil
De la lame
Tu joues avec mon envie
De choisir
T’embrasser
Dans ce bar ou
Larguer les amarres
Irrésistible à mes côtés
Et puis esquif de la nuit
Se perdant dans l’ombre
Et les leds discrets
Diodes de ton corps
Qui font de mes yeux
Des artistes populaires
Irrésistible ouverte au désir
Avec toi
J’oubliais les bonnes réputations
Il n’y a pas de bonne réputation
Quand on quitte le beau monde
Baby
Ça commence infernal
Je sais pas comment
Te dire que le cinéma
Je le paie pas
Tu peux jouer la star
Version hollywood
Tu peux peut-être
Me lancer dans une petite galère
Tu sais sans effet spécial
Me glisser dans l’oreille
Un mot un seul
Pour changer de cap
Chantonner à l’unisson
D’un baiser réconfortant
De doigts tremblant
Sur tes hanches
Ça commence infernal
Je vais finir par t’aimer
sans effet spécial
Octobre 2020